Les histoires se font rares ces derniers temps. On m’a toujours dit de ne pas parler pour ne rien dire. Or, à dire, je n’ai pas grand-chose. Enfin si, mon aventure ne durera plus très longtemps. Certains diront qu’ils sont contents, d’autres que j’abandonne trop vite. 

 

 

Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye

 

 

Raisons du départ.

La principale est financière. On va dire que je ne suis pas très douée pour Pékin Express. Vivre avec £7 par semaine, soit £1 par jour dans un pays où tout est cher n’est pas évident. « Marie est payée £225 par semaine, son loyer est de £208 par semaine, ajoutant à cela £10 d’électricité. Combien lui reste-t-il pour survivre ? » Bien sûr, j’avais quelques sous de côté, mais ils sont vite partis en fumée : caution, premiers loyers sans travailler, transports en commun, courses, sorties (trop peu), etc. Comme m’ont dit mes colocataires : « Londres c’est super quand on y vit à deux ». Oui quand on part avec une connaissance, le loyer est moins cher, on peut sortir plus aisément  et par conséquent faire de nouvelles rencontres.

La seconde raison : le manque de vie sociale. Raison qui pèse, à mon goût, autant que la première. Je suis dans un bâtiment rempli de jeunes gens qui viennent des quatre coins du monde. Cependant, ils sont venus à plusieurs et ne semblent pas avoir envie de faire d’autres rencontres.

 

 

 

Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye

Le travail.

Heureusement, il me reste mes collègues de travail. Phrase suivit d’un rire ironique et un brin machiavélique (qui a dû faire peur à mes colocataires). Bref, un peu de sérieux.

Le patron de la boutique est extraordinaire. C’est un homme généreux, gentil, poli et doté d’humour. Bon d’accord, en plus, il m’a donné une magnifique paire de chaussures. Vu mon salaire, peut-on vraiment dire que je suis une femme vénale ? Ok, un peu.

Néanmoins, le pauvre a la mal chance d’être affublé d’un fils légèrement stupide. Sa dernière lubie : me demander si je connais tous les trucs français dont il a entendu parler. J’ai eu le droit aux supermarchés, aux marques d’eau minérales, aux footballeurs, aux chanteurs, etc. « Do you know Casino ? – What ? – The french supermarket ? – Oh yes, of course. – Monoprix – Yes… – Leclerc ? - … (hochement de tête, patience qui commence à s’envoler) – Auchan, Inter…– *Yes I know all of them, I’m French, I used to live in France. So yes I know the french supermarket, just as you do with English stores* » Mais sa meilleure sortie reste quand même la fois où il m’a dit, juste après qu’une cliente française soit sortie de la boutique : **« Did you understand ? – … (regard interrogatif. Il plaisante, non ?) Are you kidding ? – So you did ? – No I don’t understand when people speak to me in my own language! – Oh yes, sorry. »**

Puis, il y a  ma collègue espagnole. Remarquez, avec elle pas de routine. On ne sait jamais à quoi s’attendre. Elle correspond tellement bien au temps d’ici. Un grand soleil toute la matinée et d’un coup, sans crier gare, il se met à neiger pendant cinq minutes. Personnes aimant la stabilité, s’abstenir.

Ensuite vient l’ancienne. Vendeuse dans le magasin depuis vingt-deux ans. Elle est très gentille mais a une intonation et un vocabulaire qui font qu’on a l’impression de se faire engueuler à chaque fois qu’elle dit quelque-chose. On finit par s’y faire. En attendant, elle est très gentille et a beaucoup d’humour.

Ah oui, j’allais oublier le manager, qui, quand elle est là, se plaint du matin au soir : j’ai mal ici, j’ai bobo là, j’ai encore attrapé un rhume, je suis fatiguée, j’ai mal dormi, j’ai trop de travail, etc.

Voilà. Vous m’ajoutez à cette salade et vous avez une belle équipe de dégénérés !

 

 

* Oui je les connais tous. Je suis française, j’habitais en France. Alors oui je connais les supermarchés français, comme toi tu connais ceux d’ici* (je pense même que j’aurais, sans doute, ajouté un « putain » bien toulousain…)

 

** Tu as compris ? – … (  ) Tu plaisantes ? – Donc, oui ? – Non, je ne comprends pas quand les gens me parlent dans ma propre langue (connard, ok je ne l’aurais pas dit en français non plus, mais je l’aurais pensé tellement fort) – Ah oui, pardon**

 

 

 

Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye
Bye bye baby, baby goodbye

Les sorties.

Elles se comptent sur les doigts d’une main (amputée de quatre doigts). Depuis, la dernière publication, je ne suis sortie qu’une fois. Vendredi dernier, j’ai rejoint Cristina et d’autres espagnols dans un pub. Moment très agréable. On a beaucoup ri, beaucoup bu aussi. Ce n’est pas ma faute. Tout le monde a payé sa tournée. Lendemain légèrement difficile. Prise de résolution habituelle : « plus  JA-MAIS ! »

Pendant cette soirée, je leur ai dit que je rentrais en France en avril. Réaction générale : « Mais non, t’en vas pas. Tu vas trop nous manquer ! » Euh, les gars vous plaisantez ? On se voit une fois toutes les deux, trois semaines. Ah mais oui, ça doit être ça, je suis si géniale, qu’ils mettent toujours beaucoup de temps à se remettre d’une soirée en ma compagnie.

 

J'ai fait un saut au marché Notting Hill, avec mes pensées pour seule escorte. Très bel endroit où se mêlent antiquités, vêtements, musiques, nourritures, et bien d'autres choses. Une ambiance générale apaisante, malgré la foule qui avance d'un pas de procession. Seul hic : se dire "ne craque pas, tu n'as pas les moyens" tous les deux stands. C'est avec une volonté de fer qu'il faut passer devant les étals où trônent de magnifiques bagues, une vieille version illustrée d'Alice au Pays des Merveilles et j'en passe.

La même journée, j'ai décidé d'aller marcher dans Hyde Park. Mon intention : prendre l'air et quelques photos. L'air, je l'ai pris. Les photos, ça a été plus compliqué. Mon appareil a décidé de s'éteindre au début de la promenade. En marchant, un banc, dans un coin, a attiré mon attention. Une envie de m'y assoir et d'écrire s'est brusquement fait sentir. Je l'ai écouté. J'ai sorti mon carnet vert pour laisser mon stylo  y déposer quelques mots. Puis après un certain temps, je me suis aperçue que mes doigts étaient gelés. Je suis rentrée.

 

En attendant, j’ai hâte d’être à samedi. Première visite d’une partie de ma famille. J’ai envie de leur montrer tellement de choses.

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